Les gens ailés sont-ils tous des anges?

-Tetsu? Ça ne te vas pas du tout. Je ...
J'haussai les sourcils, me demandant comment je devais le prendre. Il hésita avant de continuer:
-Je ne sais pas comment tu pourrais m'appeler. Je n'ai jamais eu de nom. Tu n'as qu'à en choisir un si ça t'amuse.
Je portai les doigts à mon menton, prenant la mine la plus sérieuse au monde:
-Je n'ai pas beaucoup confiance en moi sur ce point...
Je le regardai, remarquant qu'il était encore et toujours torse nu. Je rougissais une nouvelle fois, et maudissais le fait que la lune éclaire mon visage. Je plongeai, pour la énième fois de la soirée mes yeux dans les siens, et un sourire naquit.
-C'est magnifique, murmurai-je.
Je fus surprise par ma propre honnêteté et m'empressai d'ajouter:
-Rubis? Je peux t'appeler Rubis?

Elle prit un air sérieux qui ne lui allait pas vraiment non plus, et dit:

-Je n'ai pas beaucoup confiance en moi sur ce point...

Puis elle se mit à me dévisager, rougit dans la lumière de la lune, ce qui la fit paraitre tout à coup... Très mignonne. Je me surpris à penser cela. Quelle idiotie, je ne trouvais jamais personne "mignon", les gens ne sont que des proies, enfin! Y penser autrement ne m'avait apporté que de la souffrance....

-C'est magnifique, chuchota-t-elle.

Je ne voyais pas de quoi elle pouvait parler. La nuit était magnifique? Me donner un nom, c'était magnifique? Cette fille était vraiment bizarre. Cette nuit était vraiment bizarre. Ma vie entière était vraiment...

-Rubis? Je peux t'appeler Rubis?

Qu'est-ce que... D'où sortait-elle un nom pareil? Mes ailes s'agitèrent nerveusement dans mon dos. L'ambiance et la tournure qu'avait pris la nuit ne me plaisait pas du tout. Rubis? Ce mot résonnait dans ma tête, étrangement.

-Rubis? Répétais-je avec circonspection.Pourquoi...Rubis?

Il prit un air ahuri, et ses ailes se mirent à s'agiter. C'était si mauvais que ça? Peut être est-ce que c'était un mot qu'il n'aimait pas?
-Rubis? Pourquoi...Rubis?
Je m'agitai, gênée:
-Ca ne te plait pas? Rubis, c'est... C'est un pierre précieuse. Tes yeux... Enfin, comment expliquer ça?
Je me grattai l'arrière de la tête, embarrassée:
-Elle a... la couleur de tes yeux. Qui sont...
Mes joues s'enflammèrent tandis que je détournai la tête. Comment dire cela sans être embarrassée?
-Magnifiques.
Je laissai le silence peser sur mes épaules. Ça ne m'étonnerait absolument pas s'il se mettait à me rire à la figure. Qu'est ce que je pouvais être maladroite.

Il était tout simplement... Choqué. C'est bien l'air que donnait son visage, empêtré dans une expression d'incrédulité. Il ne rit pas de moi. Il se contenta juste de me fixer, me faisant frissonner. J'avais envie de le secouer, de lui exiger une réaction. Parce que là, c'était pire qu'un film de suspense. Il releva la tête vers moi et articula lentement, les yeux voilés de sentiments incompréhensibles.
-Je...C'est... Trop. Trop beau pour moi. Je ne suis pas beau. Je ne peux pas porter un nom aussi beau. Mes yeux.. Ne sont que sang et sadisme, personne ne les avait trouvé beaux. Je...
J'ouvris doucement la bouche, puis la refermai, pour enfin me r'asseoir à coté de lui, assez proche pour que nos épaules s'effleurent.
-Je... suis nulle pour choisir les noms. Rubis... je pense que ça t'irait à merveille, vraiment. Et je pense aussi que tu le mérites, sans mentir. je me penchai pour mieux le voir puis continuai: Mais... je comprendrai si tu n'en veux pas.
Je lui adressai un sourire tendre:
-Une autre idée?

Elle vint s'asseoir à côté de moi, ce qui me mit extrêmement mal à l'aise. D'habitude, c'était moi qui dérangeait les gens, je découvrais ce sentiment étrange qu'est la gêne et c'était... Horriblement gênant. Un frisson me parcourut le dos et les ailes. Quelle soirée bizarre, décidément...

-Je... suis nulle pour choisir les noms. Rubis... je pense que ça t'irait à merveille, vraiment. Et je pense aussi que tu le mérites, sans mentir. Mais... je comprendrai si tu n'en veux pas. Une autre idée?

Une autre idée? Non. Aucune. De toute façon je n'en avais jamais de bonnes."Rubis"... J'essayais de me visualiser. Ça m'irait bien, vraiment? Un type pas aimable, malsain au possible avec de grandes ailes noires et des yeux cramoisis. Rubis? La proximité de la fille m'empêchais de me concentrer. Je me levais et allais me poster à la fenêtre, manquant soudain d'air, ouvrit la vitre et inspira une grande goulée de parfums nocturnes. Ça allait déjà mieux. Mes ailes se replièrent dans mon dos, doucement. Rubis? Je sentais encore la présence de la fille, Tetsu, derrière moi et me rappelais qu'elle m'avait posé une question. Je soupirais.

-Tu ne voudrais pas arrêter d'être aussi gentille? grognais-je en gardant les yeux fixés sur l’extérieur.

Ce n'était probablement pas la meilleur chose à dire. Rubis? Je pouvais toujours m'enfuir en sautant par la fenêtre après tout. M'envoler vers ailleurs, retourner à mes occupations favorites (torturer des gens, de préférence des gens qui ont beaucoup de sympathie pour Ren), cadenasser cet événement dans MA mémoire et faire en sorte que Ren ne l’apprenne jamais, oublier Tetsu.
Rester sans autre nom que ceux dont on m'affuble continuellement.
Rubis?
Bon, d'accord.


-Écoute, appelle-moi comme ça te chante. Si tu pense que Rubis m'irait bien, eh bien appelle moi comme ça.

C'était la seule façon dont j'avais pu formuler ça. En vérité sa démarche me touchait énormément, mais il était hors de question de le lui montrer. Je continuais à lui tourner le dos, respirant la nuit, admirant la vue sans la voir. Un mot tourbillonnait dans mon esprit.
Rubis.
C'était moi.

Il marqua une pause, puis se leva, s'éloignant de moi. Ma main se tendit vers lui, mais s'arrêta en mi-chemin. Il n'allait pas disparaître, ça serait complètement idiot. Non?
Je contemplai son dos, ses ailes parfaitement noires, gracieusement repliées. J'aurais juré les avoir vues grises, la première fois. Et puis, des ailes...!
C'était vraiment l'un de ses pouvoirs? Avoir la faculté de voler, libre de ses mouvements? Je fus envieuse.
-Tu ne voudrais pas arrêter d'être aussi gentille? fit-t-il en un soupir.
Gentille? Il n'ajouta rien, continua à fixer le ciel, l'air totalement absent. Je commençais à me demander ce à quoi il pouvait bien être en train de penser.
-Écoute, appelle-moi comme ça te chante. Si tu pense que Rubis m'irait bien, eh bien appelle moi comme ça.
Une bouffée de bonheur m'envahit. Il l'a accepté! Il a bien voulu l'accepter! Je me mis à sautiller sur place.
"Rubis! Rubis, Rubis!" chantonnai-je, riant de bon coeur.
Je m'approchai à petits pas de lui, de la fenêtre, pour regarder la cour, en bas. Déserte.
"Rubis, nous... sommes amis?" Lui demandai-je d'une petite voix. J'espérai quand même qu'il m'ait entendu, tout en souhaitant le contraire. J'avais le don de poser les questions les plus... aucun adjectif ne les qualifierait. Je posai le bout des doigts sur ma bouche, gênée.

Elle se mit à chantonner joyeusement mon nouveau prénom et je lui enviais cette spontanéité, cette joie de vivre innocente. Ce truc que je trouvais horriblement agaçant à cause de Ren qui l'était en permanence, sur le moment j'eus envie de l'être moi aussi, de juste partager un moment sans prise de tête avec quelqu'un, sans haine et sans violence. Rien qu'une fois...
-Rubis, nous... sommes amis? murmura-t-elle soudain.
Je sursautais. Amis? Je m'arrachais à la contemplation de l'extérieur pour la dévisager, cette fille bizarre qui était la première à s'intéresser à moi, à ne pas me repousser en bloc. Cette fille qui m'avait donné un nom.
-Je ne sais pas, répondis-je doucement.Je n'ai jamais eu d'amis je ne sais pas reconnaitre un sentiment amical. Mais je crois que je t'aime bien? Est-ce que c'est ça?
Oh Rubis, mais qu'est-ce que tu raconte? Je disais des trucs que je voulais taire et je ne savais plus rien, que dire, quoi faire, j'étais complètement perdu, hors de mon rôle de méchant sadique habituel. C'était ça, être ami avec quelqu'un? Quelle situation terrifiante.

Il tourna enfin la tête vers moi, l'air de me prendre pour une entité d'on ne sait quelle planète. Il a entendu! Je pinçai légèrement les lèvres, attendant on ne sait quelle réponse, pourvu qu'il y en ait une. Il finit par répondre doucement;
-Je ne sais pas.
Aaaaaaaaah?
-Je n'ai jamais eu d'amis je ne sais pas reconnaître un sentiment amical. Mais je crois que je t'aime bien? Est-ce que c'est ça?
Il... Il... Il m'aime bien! Je devais avoir la tronche le plus béate au monde. I faut dire que je ne contrôlai déjà plus mes gestes:
J'écartai grand les bras en demandant:
"CÂLIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN!!"

"CÂLIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN!!"
WHAT THE FUUUUUUUCK???????? Un mouvement de recul instinctif me fit me cogner à une table, dans le mouvement de panique qui suivit je me sentis basculer vers l'arrière, oh bordel la fenêtre était ouverte je l'avais oubliée!! Mes pensées partaient dans tous les sens, je sentis Ren essayer de reprendre le dessus, je sentis sa curiosité et la dernière chose que je vis avant de passer par la fenêtre et de tomber en chute libre fut Tetsu, l'air surprise, dans une salle de classe dévastée. Puis le ciel nocturne, pur et sans nuages, si beau, le vent qui sifflait à mes oreilles faisant voler mes cheveux et ébouriffant mes plumes,le goût enivrant de la liberté tandis que je stoppait net ma chute à quelques mètres du sol, le soulagement d'avoir échappé à une situation hors de contrôle. C'en était trop pour la soirée. L'état de choc un peu passé, je ne pensais plus qu'à fuir. Je réfléchirais plus tard.

Il recula furtivement, se cogna à une table et... Tomba par la fenêtre.
Attends, quoi? Ma bouche s'ouvrit démesurément devant mon incrédulité. Et mon cerveau ne prit même pas le temps de marcher, me voilà déjà...
En train de tomber.
En chute libre.
Du deuxième étage.
Dans le but de sauver un être AILÉ.
J'eus envie de me frapper la tête contre un mur, de me traiter de tous les noms, mais non. Je tombais, c'était déjà trop tard.
Alors quoi? Ça va faire mal. Et puis je vais mourir, simplement. PUTAIN MAIS QUELLE IMBÉCILE JE FAIS! Ma situation, dans un film, aurait fait très comique. Mais là, non, je dis non, je veux pas crever!
Un murmure s'échappa de mes lèvres tandis que j'atteignis deux mètres avant le sol. "Rubiiis..."

Il y avait quelque chose qui clochait. Un murmure.
-Rubiiis...
Je tournais la tête et vis.... OH BON DIEU MAIS QU'EST CE QU'ELLE A FOUTU????????????????? D'un coup d'ailes je fus près d'elle, arrêtant sa chute à moins de deux mètres du sol, serrant les dents quand le poids de son corps multiplié par la vitesse de sa chute entra en contact avec mes bras.

Elle. Se. Trouvait. Dans. Mes. Bras.

Qu'est-ce que ce c'était que cet élan héroïque??? C'était Ren, ça!!! Pas moi!!! Moi j'étais censée la laisser s'écraser au sol dans une belle éclaboussure de sang en éclatant d'un rire maléfique!!!!

Elle. Se. Trouvait. Dans. Mes. Bras.

Oh mon Dieu. Mon cerveau disjoncta. Cette soirée était vraiment trop bizarre pour moi.

Je repris enfin conscience à deux mètres du sol avec une fille dans les bras. C'était... Vraiment inattendu. Tellement que je la lâchais de surprise, en fait.
Oh, par la Lune.
Qu'est-ce que l'Autre avait encore foutu??

Des bras puissants m'agrippèrent, m'arrêtant net dans ma chute. Je relevai la tête vers mon sauveur. Je remarquai avec stupeur que... Rubis était... rouge. J'aurais pu frire des oeufs sur ses joues.
Il me lâcha soudain, et je retombai lourdement sur le sol.
"Aiiiiiiiie!!! Aaaaaaah! Je sais que je suis idiote, mais t'avais pas à me laisser tomber, heiiiiin!"
Me plaignai-je, frottant La bosse qui venait d'apparaitre sur ma tête, des petites larmes de douleur aux yeux.
"Tchaaah, ça piiiique~"

-Aiiiiiiiie!!! Aaaaaaah! Je sais que je suis idiote, mais t'avais pas à me laisser tomber, heiiiiin! Tchaaah, ça piiiique~
Je baissais les yeux vers la fille que je venais de laisser tomber abruptement, l'inquiétude me noua soudain le ventre et je me précipitais vers elle.
-Oh je suis vraiment désolé!!!! m'exclamais-je sans même prendre le temps de replier mes ailes redevenues blanches, tu vas bien? Je ne t'ai pas fait trop de mal?
Je passais brièvement en revue son physique, elle ne semblait pas plus amochée que ça. Sa seule blessure semblait être la bosse qu'elle s'était faite en tombant. À cause de moi.
Qu'est-ce que tu lui as fait espèce d'enfoiré???
Que.... Eh c'est à moi de te demander ça!!! Elle est pas blessée physiquement? Qu'est-ce que tu lui a fait? Qu'est-ce que t'as encore été inventer pour faire souffrir une innocente? Ça me rendait malade, de savoir qu'Il avait pris le contrôle sans savoir ce qu'il avait fait, que quelqu'un avait souffert et souffrirait probablement encore, je n'en pouvais plus d’héberger en moi ce monstre, cet être hideux qui prenait mon visage.
JE NE SUIS PAS UN MONSTRE!!!!!!!
Il voulait reprendre le contrôle, je sentis mon visage se crisper tandis que j'essayais de le repousser, non, je n'accepterais pas qu'il recommence cette nuit, non, j'avais des choses à réparer à cause de lui, une fois de plus, je me recroquevillais à genoux, la tête dans les mains, l'impression qu'elle allait exploser.

Rubis descendit de son hauteur, et je fus éberluée. Oh mon dieu qu'est ce qu'il se passe? Ses ailes? Ses YEUX?! Je ne pris pas le temps d'assimiler sa dernière phrase, il y avait définitivement quelque chose qui clochait.Il se recroquevilla, devant moi, sans mot dire.

"Ru... Rubis? Tu te sens mal? Euh... je sais pas si ça va te choquer mais... tes ailes, elles sont blanches, hein?"

Je ne savais pas si je devais ajouter que ses yeux étaient bleus. Et si il déprimait? Il s'en veut tant que ça de m'avoir fait tomber?

"Eh, c'est bon hein, ça fait pas mal, c'est une bosse! Comme dans les cartoons!"

-Ru... Rubis? Tu te sens mal? Euh... je sais pas si ça va te choquer mais... tes ailes, elles sont blanches, hein?
J'entendais à peine ce que disait la fille, ou bien ses paroles étaient déformées par le combat qui avait lieu dans mon crâne, parce que sinon... Je m'inquiétais un peu pour sa santé mentale. Ne parle pas d'elle comme ça!!!!!!!!!! Même si elle est effectivement complètement folle...Je relevais soudain la tête, frappé de stupéfaction. Que... L'autre prenait la défense de quelqu'un? Eh NON où est-ce que t'as vu ça toi?? Je m'en fous de cette meuf, okay?
-Eh, c'est bon hein, ça fait pas mal, c'est une bosse! Comme dans les cartoons!
Je tournais un regard ébahit vers la fille, n'ayant rien écouté de sa dernière phrase. Je la dévisageait à nouveau, cette frêle adolescente aux cheveux blancs, tandis que la présence de ma malédiction s'effaçait, comme s'il partait bouder.
-Qui es-tu...?

Il tourna vers moi deux yeux ébahis.
-Qui es-tu...?
Je marquai une pause. Plissai les yeux. Vérifiai que j'avais bien entendu.
-Quoi? Euh... Pardon?
Je levai la main, la posant sur son front.
"Rubis, tu... Non, tu n'as pas de fièvre. Youhouu, c'est moi! Tu te sens nauséeux? Tu as mal quelque part? Ne me dis pas que tu t'es frappé la tête en tombant? Non c'est impossible."
J'hésitai un moment avant d'ajouter:
"Tes yeux sont devenus bleus."

-Quoi? Euh... Pardon?
Elle parut complètement perdue. En y repensant, c'était logique, la pauvre. J'allais devoir lui expliquer tout, ma malédiction... Une main fraiche vint se poser sur mon front, interrompant ma réflexion morose.
-Rubis, tu... Non, tu n'as pas de fièvre. Youhouu, c'est moi! Tu te sens nauséeux? Tu as mal quelque part? Ne me dis pas que tu t'es frappé la tête en tombant? Non c'est impossible. ... Tes yeux sont devenus bleus.
"Rubis?" JE T'INTERDIS DE PRONONCER CE NOM TU M'ENTENDS?????? JE T'INTERDIT DE RIRE!!!!!!!! Qu'es-ce que c'était que ce cirque ?? Qu'est-ce qui s'était passé, au nom de Merlin??? J’inspirais calmement en me massant les tempes. L'autre avait de nouveau disparut. J'allais devoir interroger l'inconnue, qui me regardait avec incompréhension et inquiétude. Alors qu'elle me prenait pour l'autre. Wow. C'était vraiment... Inattendu.
-Écoute, commençais-je d'une voix calme et apaisante, je ne suis pas celui que tu crois. Pour faire simple, on pourrait dire que je souffre d'un dédoublement de la personnalité, et mon autre personnalité a les yeux rouges sang et les ailes noires. Ne me confond pas avec lui. Il est très dangereux, aussi violent et sadique que je suis calme et prêt à aider les autres. Je sais qu'il t'as fait du mal, c'est ce qu'il fait toujours, mais moi je ne veux surtout pas te blesser.
Ouais bah en attendant c'est toi qui l'a lâchée à plusieurs mètres du sol, sale hypocrite!!!!
Ferme là, j'essaye une fois de plus de réparer tes bêtises. Je continuais.
-Je n'ai aucun souvenir de ce qui se passe quand c'est lui qui est aux commandes, mais je sais que ce n'est pas joyeux, et encore moins sain. Je te présente toutes mes excuses, c'est de ma faute je devrais mieux savoir me contrôler...

-Écoute, je ne suis pas celui que tu crois.
Ah bon, d'accord... QUOI?
-Pour faire simple, on pourrait dire que je souffre d'un dédoublement de la personnalité, et mon autre personnalité a les yeux rouges sang et les ailes noires.
Pour faire simple, tu me prends pour une imbécile, aussi? J'en suis mais... voilà.
-Ne me confond pas avec lui. Il est très dangereux, aussi violent et sadique que je suis calme et prêt à aider les autres. Je sais qu'il t'as fait du mal, c'est ce qu'il fait toujours, mais moi je ne veux surtout pas te blesser.
Attends, il me parle sérieusement? Genre, deux personnes dans le même corps, ce genre de trucs? Et je suis sensée assimiler que je parle à une autre personne, qui me dit du mal de la personne que je connais et qui partage un corps avec cette même personne alors que je pense que la personne est...? ... quoi?
-Je n'ai aucun souvenir de ce qui se passe quand c'est lui qui est aux commandes, mais je sais que ce n'est pas joyeux, et encore moins sain. Je te présente toutes mes excuses, c'est de ma faute je devrais mieux savoir me contrôler..
"ATTENDS, STOP. Stop. C'est trop compliqué pour moi. En gros, vous êtes deux dans le même corps, Rubis et... toi, et ... Quoi? Non, Rubis ne m'a rien fait... Rien du tout, m'enfin!"
Je posai deux doigts sur mes tempes, migraineuse. Une pensée me traversa l'esprit.
-C'est ce que tu... ce que Rubis voulait dire par "je suis l'illégitime"?

-ATTENDS, STOP. Stop. C'est trop compliqué pour moi. En gros, vous êtes deux dans le même corps, Rubis et... toi, et ... Quoi? Non, Rubis ne m'a rien fait... Rien du tout, m'enfin!
Encore ce nom, Rubis... Oh ça va, hein! Et tu ne lui a RIEN fait? SÉRIEUSEMENT? C'est quoi, ce plan? J’acquiesçai cependant.
-Nous sommes tous les deux dans le même corps, en effet.
Dans mon corps, en fait. La fille semblait perdue, tentant d'assimiler la nouvelle. Soudain, son visage s'éclaira:
-C'est ce que tu... ce que Rubis voulait dire par "je suis l'illégitime"?
-Il a dit ça? Mais oui, il n'aurait jamais dû exister, il est le produit d'une malédiction... Il incarne tout ce que je ne suis pas, c'est juste un agglomérat de pensées et de sentiments négatifs et malsain, c'était le but de la malédiction. Si effectivement il ne t'as rien fait, ce que j'ai du mal à comprendre, c'est parce qu'il a un plan à plus long terme. Mais il ne peut t'apporter que souffrance et désespoir, c'est sa nature, il faut que tu t'en méfies!!

-Il a dit ça? Mais oui, il n'aurait jamais dû exister, il est le produit d'une malédiction... Il incarne tout ce que je ne suis pas, c'est juste un agglomérat de pensées et de sentiments négatifs et malsain, c'était le but de la malédiction. Si effectivement il ne t'as rien fait, ce que j'ai du mal à comprendre, c'est parce qu'il a un plan à plus long terme. Mais il ne peut t'apporter que souffrance et désespoir, c'est sa nature, il faut que tu t'en méfies!!

Ma main se leva spontanément. Et lui asséna une gifle.

"Arrête. De dire. Ces choses. De lui." Dis-je, à bout de souffle, les larmes aux yeux. Il n'avait pas le doit. C'était évident. Il n'avait ne serait-ce que cherché à comprendre Rubis. Non. C'était trop cruel.
Je repris soudain conscience de mes actes et remarquai la trace rouge que je lui avais laissée sur la joue. Je fus ahurie, et commençai à m'agiter:

"Dé... désolée Rubis! Je me suis laissée emporter...! Ah, non, désolée... Ren? C'est bien Ren? Je... je peux être impulsive de temps en temps et... sans m'en rendre compte... Ça fait mal?"

Mes joues étaient déjà inondées d'eau salée, que je m'évertuai à sécher de mes manches. Il fallait que j'arrête de pleurer, ou j'allais passer pour la dernière des imbéciles.

La baffe qu'elle m'asséna me fit un choc. Pas tant physique que moral, d'ailleurs. Oh, je m'étais déjà pris pas mal de coups dans ma vie, mais que quelqu'un me frappe parce que je disais la vérité sur l'autre, c'était... Nouveau. Quelque part dans un recoin de mon cerveau je sentis ma malédiction ricaner.
-Arrête. De dire. Ces choses. De lui.
Je devais avoir l'air complètement ébahit. Que quelqu'un prenne la défense de mon côté obscur, vraiment, c'était... Inattendu. Presque plus que le fait qu'il ne lui ai fait aucun mal. Je nageais en pleine confusion. Qu'est-ce qui s'était passé, enfin?
-Dé... désolée Rubis! Je me suis laissée emporter...! Ah, non, désolée... Ren? C'est bien Ren? Je... je peux être impulsive de temps en temps et... sans m'en rendre compte... Ça fait mal?
Oh par la Lune. Elle pleurait par ma faute. Ça aussi c'était inédit, je sentis un mouvement de panique m'envahir. D'habitude je savais très bien gérer ce genre de situation, sauf que d'habitude ce n'était pas moi la cause des larmes de la personne que j'aidais. Je me sentis vraiment mal tout à coup.
-Non! m'exclamais-je, c'est moi qui suis désolé, je ne voulais pas te blesser, je ne sais pas quelle image tu as de lui ni pourquoi tu pense comme ça, j'ai réagit comme je le fais habituellement sans me rendre compte que cette nuit était particulière!! Et en effet, je m'appelle Ren! Et non ça ne fait pas mal, tu as bien fait de me frapper!!
J'espérais qu'elle n'allait pas me prendre pour un masochiste... D'une poche de mon pantalon je sortis un paquet de mouchoirs que je lui tendis gentiment.
-Tiens, si tu veux bien les accepter en même temps que mes excuses... Comment t'appelles-tu?

Je relevai la tête vers lui, tandis qu'il se confondait en excuses. Rubis étais... si détesté? Ses paroles me revinrent clairement en tête: "Je voulais commencer par ton kudan, d'ailleurs, le torturer pour te faire du mal et ensuite m'attaquer à toi." Une question se mit à clignoter dans ma tête: dans quel but? Rubis... Je me refusais de penser qu'il était mauvais, assez pour tuer sans raisons. Alors pourquoi?
-Et non ça ne fait pas mal, tu as bien fait de me frapper!!
Je retins un rire. Ah, si tu en veux encore, c'est pas de problème. Il fouilla dans sa poche et en sortit des mouchoirs qu'il me proposa.
-Tiens, si tu veux bien les accepter en même temps que mes excuses... Comment t'appelles-tu?
Je lui adressai un petit sourire en en prenant:
-J'aime bien les mouchoirs parfumés. Tetsu. Du mot Fer.
J'hésitai un moment avant de demander:
-Tu n'as aucun souvenir de ce qu'il se passe quand tu... es Rubis? Alors, il en va de même pour lui?

Tetsu accepta mes mouchoirs et parut aller un peu mieux, ce qui me rasséréna immédiatement.
-Tu n'as aucun souvenir de ce qu'il se passe quand tu... es Rubis? Alors, il en va de même pour lui?
Je passais ma main dans mes cheveux, me demandant encore d'où sortait ce nom, Rubis.
-C'est un peu compliqué... Disons que lui sait tout de mes actions et est conscient en permanence mais que moi je suis inconscient quand il est aux commandes donc que je ne me rappelle de rien, à part s'il décide de m'ouvrir sa mémoire.
Ce qu'il faisait généralement pour me torturer avec des scènes particulièrement violentes, gores et sadiques, mais je me tut sur ce point.
-..Ce qu'il n'a manifestement pas l'intention de faire ce soir. Du coup, si tu voulais bien me raconter ce qui s'est passé... Ça m'aiderait peut-être à mieux comprendre la situation.

Il passa doucement la main dans ses cheveux, l'air renfrogné.
-C'est un peu compliqué... Disons que lui sait tout de mes actions et est conscient en permanence mais que moi je suis inconscient quand il est aux commandes donc que je ne me rappelle de rien, à part s'il décide de m'ouvrir sa mémoire.
Ren ne savait donc rien de ce qu'il s'était passé. Pour on ne sait quelle raison, cela me soulagea.
-..Ce qu'il n'a manifestement pas l'intention de faire ce soir. Du coup, si tu voulais bien me raconter ce qui s'est passé... Ça m'aiderait peut-être à mieux comprendre la situation.
"Je..." J'hésitai, triant vite fait les evennement de la soirée dans ma tête. Rubis n'avait pas envie de lui raconter? Je rougis légèrement en me rappelant de la sensation se ses mains sur mes joues, et de ses larmes quelques minutes plus tard. Oh non, je n'allais pas dire ça. Et ce n'était pas le moment de rougir. Je me repris, relatant:
"Bah... Au début j'étais "boooh", et les ampoules de la classe ont fait Baaaaamh, - j'accompagnai mes paroles de grands gestes des bras - et puis nous sommes devenus amis, il est "Paf" tombé par la fenêtre, et puis je suis "kyah" tombée aussi, et puis... "
Un grand sourire apparut sur mon visage: "Et puis pouf, tu es apparu. C'est simple, hein?"